Renne

La migration des rennes vers le Nord et leur domestication

Droit d'auteur : Kjetil Kolbjornsrud

De la famille des Cervidés, le renne, aussi appelé caribou au Canada, est un animal particulièrement adapté à l’environnement difficile du Grand Nord. C’est le recul des glaciers qui les y a amenés. Depuis le Paléolithique, les êtres humains suivent la migration des rennes qui lui fournissent peaux, vêtements et nourriture. L’apprivoisement et le rassemblement en troupeaux semblent tardifs et n’apparaîtraient qu’à partir du Moyen Âge chez les Finnois et les Sâmes (dénomination aujourd’hui préférée à celle de Lapons), peuple autochtone de Sápmi, la zone qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège et de la Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie. Au cours du 20e siècle, les nomades de Sápmi se sédentarisent peu à peu. À partir de 1948, la politique finlandaise d’instauration de coopératives d’éleveurs et de construction de clôtures fait progresser la domestication du renne. Actuellement, l’aire de répartition des rennes sauvages est bien séparée de celle des rennes semi-domestiques. Ces derniers pâturent librement et sont rassemblés quelques fois dans l’année : en automne pour le marquage des faons et en hiver pour la sélection et l’abattage. Du fait de la faible production de lait, moins d’un litre par jour, ce n’est pas une priorité dans un élevage moderne dont la finalité est la production de viande. 

Traite ou abattage du renne, le lait ou la viande

La traite du renne est difficile et nécessite une bonne contention de l’animal par ses bois.
Jusqu’au 20e siècle, le lait de renne et les produits issus de sa transformation constituaient une grande partie de l’alimentation estivale et automnale des Sâmes. Pour la conservation, il pouvait être transformé en beurre ou alors caillé et entreposé dans des barils, des sacs de peau ou des estomacs de renne ; il était aussi gelé et ensuite prélevé selon les besoins. Dans les élevages modernes, la période d’abattage s’étale du début de l’automne jusqu’au début de l’hiver. Les animaux sont rassemblés, triés et ensuite transportés vers l’abattoir. La viande de renne, de couleur foncée, est consommée en grande majorité dans les pays qui la produisent, l’exportation vers des pays non producteurs étant faible. 

Un fromage particulier

Dans la cuisine finlandaise, il existe une grande diversité de produits laitiers, la plupart dérivés de lait de vache. Les laits fermentés occupent une place importante et parmi les fromages, le plus typique est sans doute le juustoleipä (aussi appelé Leipäjuusto). Cette spécialité originaire du nord de la Finland est un fromage frais fabriqué à partir de lait de vache, de préférence le colostrum (premier lait après vêlage), ou à partir de lait de renne. Le caillé, après égouttage, est pressé et mis près du feu ou au four pour en griller la surface.
 

Qualités nutritionnelles du lait et de la viande de renne

Le lait de renne est riche en matière sèche et bien plus énergétique que le lait de vache. Sa teneur en lactose est relativement faible : 100 g de lait de renne contiennent 15 g de lipides, 9.9 g de protéines et 2,5 g de lactose. En comparaison, 100 g de lait de vache contiennent 4 g de lipides, 3,2 g de protéines et 4,8 g de lactose. Cette concentration du lait de renne en lipides et en protéines répond aux besoins de croissance du faon. En effet, l’été étant très court, le faon doit se développer rapidement afin de pouvoir survivre aux conditions climatiques difficiles de l’hiver. La viande de renne est assez peu grasse, le filet par exemple contient à peine 4% de lipides.