"Ce document comptable recense les différentes productions et ventes de produits sucriers sur la page de droite. Sur la page de gauche, sous la rubrique « Crüe dans le mobilier pendant le mois », sont listés les « nègres » (sic), les bêtes à cornes et les bêtes « cavallinnes ». Vient ensuite l’inventaire des esclaves n’ayant pas pu travailler au cours du mois, soit parce qu’ils étaient marrons, soit parce qu’ils se trouvaient à l’hôpital ou aux corvées publiques. Le nombre d’esclaves concernés par l’hôpital (de 20 à 25) laisse supposer qu’il s’agissait d’une plantation de taille conséquente. 
Dans son livre consacré à une plantation sucrière voisine, l’historien Paul Cheney évoque les logiques cyniques qui poussaient les gestionnaires de plantations à mettre sur pied des « hôpitaux » dans lesquels les esclaves bénéficiaient, durant quelques jours, d’un traitement relativement meilleur, réduisant quelque peu leur mortalité et, par conséquent, les coûts engendrés par leur remplacement. De même, le marronage (fuite momentanée ou définitive d’esclaves) était considéré comme un mal nécessaire, parfois toléré pour de courtes périodes, car les planteurs étaient conscients de l’impossibilité de contenir en permanence tous les esclaves sous le joug qui leur était imposé."